Carte postale
Conducteur d’omnibus, KF éditeurs à Arte, Paris, 9 x 14.3 cm, circulée, av. 1903
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« Le conducteur fouille dans son escarcelle et rend la monnaie à l’énorme dondon qui déborde de la banquette, puis il escalade le toit de l’omnibus où, tassés sur du bois, des corps d’hommes assis s’agitent péniblement derrière le dos d’un cocher dont le fouet claque. Appuyé sur la rampe de l’impériale, il touche ses trois sous et redescend puis s’assied sur un petit banc mobile qui barre l’entrée de la voiture. Plus rien à faire. (…)
A quoi peut-il songer alors que la carriole court de guingois toujours dans les mêmes ruisseaux, toujours dans les mêmes routes ? (…) Que de souvenirs de jeunesse, hein, conducteur ? te rappelles-tu tes jeunes années avant qu’un monsieur bien mis et l’abdomen ceint d’une écharpe, t’ait, au nom de la loi, uni par des liens indissolubles, à la tourmente de ta vie, à ta Mélanie de malheur ! ah ! tu as le temps de penser à cette gothon qui te bouscule, te fait manger froid et te traite de propre à rien et de feignant, si tu as bu le divin reginglat à coups plus pressés que de coutume ! » (Joris-Karl Huysmans, « Le Conducteur d’omnibus » in Croquis parisiens, 1880)